ceramic brussels : haut la céramique !

ceramic brussels : haut la céramique !

Categorie: Interviews
Date de publication:

Avec 17 800 visiteurs et 65 galeries exposantes, ceramic brussels, la première foire internationale d’art consacrée à la céramique confirme ses ambitions pour sa seconde édition qui a eu lieu du 22 au 26 janvier 2025. Aussi proche du monde du design contemporain, cet événement fondé par Gilles Parmentier et Jean-Marc Dimanche rassemble autour d’un médium qui doit encore faire ses preuves dans les institutions et les musées.

Eyvind Solli Andreassen, Format Gallery (Oslo)
Comment est née la foire ceramic brussels ?

Gilles Parmentier : L’idée de mettre en place une foire entièrement dédiée à la céramique actuelle est née il y a deux ans, suite à une rencontre entre Jean-Marc et moi et notre observation que la céramique qui émergeait dans les ateliers et les galeries allait en faire de même dans les institutions, les musées et les centres d’art. J’avais déjà l’expérience de la foire Art on Paper, consacrée au dessin et aussi implantée à Bruxelles, à Tour & Taxis, que j’organise depuis six éditions.

Jean-Marc Dimanche : J’ai, pour ma part, une expérience de curateur d’expositions et de journaliste mais aussi d’entrepreneur dans le domaine des métiers d’art, et j’ai rencontré Gilles lors que je dirigeais le centre d’art bruxellois Eleven Steens. Nous avons d’abord collaboré ensemble pour Art on Paper avant de se retrouver pour fonder ceramic brussels.

(c) geofff-be
Quels étaient les besoins d’une telle foire à sa création et pourquoi avoir choisi de l’implanter à Bruxelles ?

J-M D : Quand on a fait notre tour de l’Europe pour penser au format que pourrait avoir une foire d’art 100 % céramique, on s’est rendu compte qu’il n’existait pas un événement de ce type ailleurs et que les acteurs du marché de l’art, galeries comme artistes et céramistes, avaient besoin d’un rendez-vous commercial et culturel régulier pour faire face à la demande des collectionneurs, toujours plus nombreux.
GP : Bruxelles s’est imposée à nous, d’une part parce que la capitale de l’Europe est centrale et très bien connectée, mais qu’elle jouit aussi d’une aura certaine dans le milieu de l’art, et qu’elle reste accessible.
J-M D : La ville a aussi une dimension internationale et est plus ouverte à la création contemporaine que Paris par exemple, où faire passer auprès des professionnels l’idée que le médium céramique est lié à l’art ou au design n’est pas une chose facile.

Takumi Morozumi, Ram Gallery (Oslo)
ceramic brussels apparaît comme une foire de niche qui rencontre le succès dans son milieu et au-delà. Comment l’expliquez-vous ?

GP : Dès 2024, la décision que nous avons prise de positionner ceramic brussels comme une foire d’art contemporain dite « de niche », mais avec un nombre important et grandissant de galeries qui représentent tant des talents émergents que confirmés et de grands noms, a été de dépasser la conception classique d’une foire commerciale pour la penser avant tout comme une plateforme culturelle. Un lieu de rassemblement pour la communauté art et céramique à un niveau global, d’où l’invitation à des pays étrangers comme la Norvège cette année, avec la présence de cinq galeries soutenues par Norwegian Crafts.

Elisabeth Jaeger, courtesy Galerie Mennour (c) Elisabeth Jaeger

Pour arriver à cela, nous avons mis en place plusieurs initiatives : un appel à la création aux jeunes talents européens pour un prix – le Art Prize –, un comité de sélection de personnalités reconnues des mondes de la création contemporaine et des institutions culturelles. Nous avons aussi décidé d’inviter chaque année un artiste important pour lui donner carte blanche au sein de la foire.
J-M D : L’an dernier l’artiste belge Johan Creten, établi en France et représenté par les galeries Transit et Almine Rech, cette année la plasticienne américaine Elizabeth Jaeger, de la galerie Kamel Mennour. Notre cycle de conférences autour de thématiques vastes et liées aux enjeux actuels de la céramique, comme l’évolution de sa pratique avec les outils de conceptions 3D ou encore l’IA, soutient la volonté que nous avons de faire de ceramic brussels une expérience totale.

Elisabeth Jaeger, courtesy Galerie Mennour (c) Elisabeth Jaeger
Quelle est l’économie d’une foire comme la vôtre ?

GP : Notre foire à taille humaine permet les rencontres, les dialogues et les échanges dans un cadre idéal. Ce format correspond bien à l’univers de la céramique, centré autour du savoir-faire, mais il reste un challenge économique. Nos revenus reposent principalement sur la location des stands aux galeries exposantes de la foire, mais aussi aux éditeurs de livre qui nous ont rejoint. La billetterie et les partenariats et les sponsorings de marques ou de médias sont des sources de revenus annexes. Nous n’avons pas encore de produits dérivés mais un magazine que nous éditons. Ce que nous gagnons, nous l’investissons dans la foire pour la faire grandir.
J-M D : L’engouement des professionnels, des collectionneurs et des institutions nous porte. On constate une sollicitation importante des galeries dans un contexte où l’agenda des foires est extrêmement chargé.

Elisabeth Jaeger, courtesy Galerie Mennour (c) Elisabeth Jaeger
À quelle demande du marché de l’art cet événement répond-t-il, celle de la céramique ou de l’art ?

J-M D : En positionnant la foire comme une foire d’art contemporain dédiée à la céramique, on vise aussi bien les collectionneurs d’art que les collectionneurs traditionnels de céramique et ses puristes. Ces premiers ont de plus de plus d’aisance à s’intéresser au médium céramique grâce aux artistes qui mixent ce média avec d’autres. Notre invitée d’honneur 2025, Elizabeth Jaeger, en est le parfait exemple. Elle le mélange la céramique en totale liberté avec le bronze, le métal, le bois…
La différence entre le collectionneur d’art et celui de céramique n’existe presque plus aujourd’hui car une nouvelle génération de collectionneurs émergent sans faire ce distinguo.

Nellie Jonsson, QB Gallery (Oslo)
Quel est le parallèle entre la céramique contemporaine dont vous faites la promotion et le design, plus particulièrement la branche collectible ?

J-M D : Depuis la fin des années 50, après les Picasso et consorts, il y n’y a pas vraiment eu de mouvement de fond en céramique et certaines galeries liées aux métiers d’art, aux crafts, voire au collectible design, ont une volonté de produire des pièces en céramique en édition limitée.
GP : On pose des questions et on ouvre le débat. Ceci est aussi le rôle d’une foire.
J-M D : Montrer que la céramique est un outil de création au sens large, pour des sculptures mais aussi des installations et des œuvres immersives qui nous font sortir de la culture du bel objet céramique, hérité de l’Art déco, pour un art disruptif et qui explore de nouvelles dimensions, est notre objectif.

Comment s’illustre cette diversification de la céramique dans la programmation de ceramic brussels ?

J-M D : Elle fera notamment l’objet de discussions dans notre cycle de conférences au sein de la foire, dont certaines traiteront de la conception 3D en céramique ou encore sur la pratique du mixed-media.
GP : L’expérience totale que nous proposons vise à créer des passerelles avec d’autres milieux connectés avec la céramique, comme la mode, le design et même l’architecture. Le soutien d’organisations de premier plan, comme le MAD Brussels et de médias, comme IDEAT Benelux (qui se concrétise cette année à la création d’un prix spécial) appelle à des collaborations plus larges.

Interview par

Mikael Zikos

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