Évasion ou pragmatisme ? Bilan de la semaine de la mode à Paris

Évasion ou pragmatisme ? Bilan de la semaine de la mode à Paris

Categorie: Défilés
Date de publication:

Nous sommes tous d’accord pour dire que la mode a tendance à être le reflet fidèle, et plutôt révélateur, de ce qui se passe autour de nous. Lorsque les temps sont difficiles, tendus et confus, la mode nous offre généralement deux alternatives. La première est une fantaisie totale et un répit temporaire face aux nouvelles bouleversantes que nous entendons sans cesse. L’autre est une réalité améliorée, avec des vêtements qui sont censés nous aider et nous soutenir dans nos vies agitées, davantage définis par leur utilité que par l’attention qu’ils peuvent susciter chez les autres. En 2025, l’instabilité qui façonne notre monde sur les plans politique, social et économique affecte certainement les créateurs, et il était fascinant de voir comment les Belges ont répondu au Zeitgeist actuel.

Pour Marie Adam-Leenaert, qui a présenté l’une de ses collections les plus abouties à ce jour, la fonctionnalité est une préoccupation majeure. En se concentrant sur une palette de gris discrets, elle a présenté des vêtements à la fois recherchés et intellectuels, mais aussi sensuels et féminins. Son tailleur était séduisant cette saison, et elle a proposé aux femmes des versions ajustées – ou surdimensionnées – du costume de bureau, qui n’étaient pas du tout ennuyeuses. La créatrice bruxelloise confectionne également de magnifiques manteaux et son duffle camel long était une pièce remarquable. Ce sont des vêtements qui dureront dans le temps et qui donnent aux femmes une allure puissante, sans les transformer en victimes de la mode.

Pour Nicolas Di Felice, que beaucoup considèrent comme quelqu’un de minimaliste, la simplicité ne doit pas être dépourvue de sex-appeal. Sa collection pour Courrèges était à la fois révélatrice, architecturale et urbaine, et célébrait la confiance d’une femme qui se sent à l’aise avec son propre corps. Les vêtements donnaient l’impression de s’enrouler autour des formes féminines et d’en souligner les courbes, tout en montrant la peau de manière inattendue. Courrèges lui-même aimait le corps féminin et aimait utiliser les découpes et la souplesse dans ses créations. Di Felice a su trouver le juste équilibre entre érotisme et autorité, ce qui n’est pas une chose aisée à réaliser..

L’un des défilés les plus attendus était la première collection de prêts à porter féminin de Julian Klausner pour Dries Van Noten. Diplômé de La Cambre Mode[s] à Bruxelles, Klausner a rejoint la maison en 2018 et a été choisi par son fondateur pour en prendre la direction artistique en décembre 2024. La pression était immense, et Klausner n’a pas déçu son public, même si certains ont trouvé la collection un peu trop stylisée et forcée par moments. Présentée dans les salons opulents de l’Opéra Garnier, la collection était une ode aux bohémiennes et aux glamazones, des femmes qui collectionnent les vêtements et qui ont un sens aigu de leur propre style. Étrangement, certains looks rappellent le travail de Romeo Gigli et de Haider Ackermann, ce qui constitue une orientation intéressante pour Klausner. Si Dries Van Noten est synonyme d’éclectisme et d’un certain métissage qui lui est propre, il serait néanmoins agréable de le voir présenter des offres plus décontractées. Après tout, Dries Van Noten lui-même peut faire en sorte que les vêtements les plus précieux aient l’air décontractés.

Pour Anthony Vaccarello (Saint Laurent), qui semble captivé par les années 1980, la simplicité n’était pas au programme. Avec leurs épaules exagérées, leurs imposants blousons en cuir et leurs couleurs vives mélangées, ses silhouettes rappelaient l’œuvre de Claude Montana vers 1985. Les femmes seront-elles prêtes à adopter des épaules surdimensionnées et des robes en plastique fleuries dans la vie quotidienne ? Cette collection paraissait davantage destinée aux rédacteurs en chef et aux célébrités proches, tout en étant un exercice étrangement abstrait de la part de Vaccarello. Contrairement à Yves Saint Laurent, qui mettait l’accent sur la femme et cherchait à sublimer sa personnalité et sa beauté à travers ses créations, les vêtements de cette collection semblaient dominer les mannequins, les transformant en croquis de mode des années 80.

Au cours d’une saison marquée par de nombreux débuts, deux retours notables ont eu lieu sur les podiums : Véronique Leroy, née à Liège, et Christian Wijnants, anversois. Ces deux créateurs ont plusieurs traits en commun, privilégiant les vrais vêtements plutôt que les pièces extravagantes. Wijnants a présenté des manteaux cocooning, des tricots douillets et un tailoring décontracté, des pièces idéales pour le quotidien. Pour Leroy, dont les vêtements sont un mélange d’espièglerie et de classicisme, la mode est faite pour être portée, et tout ce qu’elle a présenté était à la fois élégant, fonctionnel et désirable.

Il y a cependant une Belge qui a réussi à trouver le bon équilibre entre l’excentricité et la portabilité. Il s’agit de Meryll Rogge, qui a organisé son premier véritable défilé dans le cadre du calendrier officiel. Rafraîchissants, impertinents et raffinés, ses vêtements se moquaient des tenues bourgeoises. Ses pièces outerwear étaient également magnifiques et Rogge, dont le nombre de fans n’a cessé de croître au cours des deux dernières années, a clairement franchi une étape supplémentaire. Il sera passionnant de voir ce qu’elle fera par la suite, mais cette collection s’est distinguée par un style et une personnalité qui lui sont propres.

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