Comment habiter Bruxelles sans se soucier du confort et du style de son logement tout en découvrant autrement la ville ? La réponse apportée par Neybor est d’élever le standard de vie urbain par l’optimisation de l’usage de l’espace domestique et par le développement d’un design adapté à ce mode de vie. Une solution pour les locataires à la recherche du beau et de la qualité dans l’offre actuelle, et exponentielle, du co-living. Rencontre avec les associés de cette start-up prometteuse : les architectes Claire Sallets et Nicolas Kunkera et les cofondateurs Matthieu Ghins et Harold van Schevensteen.

Combien de logements Neybor existent aujourd’hui à Bruxelles et où se trouvent-ils ?

Nicolas Kunkera [NK] : Neybor dispose actuellement de quatre maisons unifamiliales comprenant entre 10 et 20 chambres et situées à Ixelles, Saint-Gilles, Saint-Josse et Schaerbeek. Ces différents projets s’insèrent dans des micro-quartiers centraux et agréables où l’on retrouve une certaine diversité sociale ainsi qu’une offre culturelle abondante. Comme son nom l’indique, Neybor propose avant tout d’intégrer un quartier en plus d’habiter un logement.

Quelles sont leurs particularités ?

Claire Sallets [CS] : Chaque projet a sa propre identité typologique et spatiale. Nous nous intégrons à la configuration du bâtiment existant en y insérant une nouvelle typologie adaptée à l’habitat partagé. Les proportions et les caractéristiques des espaces privés et des espaces communs diffèrent pour chaque habitation. Aux pièces domestiques communes comme la cuisine, le salon et la salle à manger s’ajoutent d’autres aux fonctions particulières : une chambre d’ami, un bureau partagé, un cellier, un espace de stockage, un lavoir, un jardin, un toit terrasse ou même une petite serre pour cultiver des légumes. Aussi, la pièce privée de chaque habitant n’a pas été conçue comme une chambre classique mais comme un lieu de vie modulable et adaptable fonctionnellement, comme pouvait l’être le cabanon de Le Corbusier ou encore la chambre du peintre Giorgio Morandi.

Pour quels besoins Neybor est-il né ?

Harold van Schevensteen [HS] et Matthieu Ghins [MG] : Nos expériences personnelles et professionnelles, le fait que nous avons chacun vécu dans des villes et pays différents, en Belgique en Angleterre, en Suisse et au Vietnam, nous ont éveillé sur un même constat : la typologie du studio, tel que nous la connaissons, est arrivée à la limite de son potentiel. Les personnes n’ont aujourd’hui pas nécessairement envie de sacrifier leur « privacité » dans des collocations et des espaces communautaires : ils cherchent un certain confort et une intimité préservée de leur espace privatif. Neybor est né de cette simple idée que de partager des espaces, des moments et des ressources pourrait bien être une façon naturelle de répondre à la densification urbaine croissante que connaissent la plupart des villes européennes. Pour trouver sa place à Bruxelles, Neybor propose un concept simple et verticalement intégré : de la planification des projets, à la rénovation des bâtiments avec des savoir-faire locaux jusqu’à l’architecture intérieure en passant par le design, l’ameublement, les équipements et tous les produits d’usage, tout est intégré en interne.

CS :  L’idée est de proposer une alternative pérenne au logement traditionnel en ville et un accès plus direct à sa culture et ses communautés. Nous proposons d’habiter à la fois dans une maison appartenant à quartier bruxellois tout en ayant l’occasion de profiter des spécificités que peuvent offrir d’autres habitations au sein de la communauté dans d’autres quartiers, ce qui renforce le maillage urbain dans lequel Neybor s’inscrit.

La maison comme un feeling, c’est votre idée principale ?

HS : C’est notamment le résultat de notre travail avec l’agence Base Design qui a conçu notre identité visuelle et notre plateforme web. Dès le début de notre collaboration, nous avons ressenti la même chose. Tout est aujourd’hui très (trop ?) codifié dans le secteur du co-living où la rapidité et la flexibilité priment, et la technologie n’a jusqu’ici pas permis de proposer une autre vision du logement communautaire. Notre site neybor.co a donc été pensé de manière organique, comme un « chaos organisé », de manière à mettre en évidence la complexité et la profondeur de la thématique de l’habitat. Nous voulions mettre en avant tous les aspects qui regroupent le développement du projet ; nos nombreuses collaborations, la production de mobilier, le quotidien du chantier, la recherche de matériaux, la vie en communauté, l’atmosphère d’un quartier … Une maison n’est pas seulement l’addition d’espaces, de caractéristiques et de personnes, c’est une chimie intangible mais très réelle, un état d’esprit, une culture. Le sentiment « d’être à la maison » ne peut pas être fabriqué ni garanti, mais on peut lui donner une perspective qui voit au-delà de l’environnement et une attitude qui lui donne du caractère et de l’âme.

Pourquoi le design est au cœur de l’ethos de Neybor ?

CS : Nous considérons Neybor comme un laboratoire, nous ne pensons pas qu’il y ait une réponse figée à la question du logement collectif. Chacun de nos projets est une nouvelle opportunité pour expérimenter des configurations spatiales et des typologies différentes.

Grâce à l’intégration en interne de tout le processus de création des logements, nous avons un retour direct de l’expérience des habitants et de la dynamique au sein des maisons. Nous adaptons donc en permanence nos maisons, que ce soit du point de vue de l’organisation spatiale, des matériaux utilisés ou de la logistique de l’habitation. Nous avons ainsi créé notre propre collection de mobilier modulable pour correspondre au mieux à notre vision et pour permettre de s’adapter à chaque projet.

HS : Nous mettons aussi un point d’honneur à rénover plutôt qu’à construire car la rénovation consomme beaucoup de main d’œuvre mais moins de matière première.

Vous faites intervenir des collaborateurs principalement belges dans la conception des maisons Neybor ainsi que des talents internationaux. Quelles sont leurs spécificités ?

CS : L’architecte d’intérieur belge Daphnée Meeus a collaboré avec nous afin de sélectionner le mobilier vintage et les objets qui confèrent à chaque maison son atmosphère propre. La plateforme online Demain Belgium sélectionne des œuvres d’art contemporain belges pour chaque projet. Denise a dessiné et fabriqué une vaisselle exclusive à Neybor. Nous pouvons aussi compter sur la coopérative de matériaux de construction récupérés Rotor Deconstruction et la ferme belge Tero…

HS : Et cela va jusqu’aux consommables, comme l’huile d’olive et le café, sourcés dans le respect des producteurs, et avec une démarche verte (ces produits sont livrés en vrac dans des distributeurs et des récipients réutilisables).

Comment ces partenaires réagissent à votre approche du co-living ?

CS : Chacun y trouve une forme de source d’inspiration. C’est l’occasion pour eux de penser autrement. Duplex Studio a ainsi produit une lampe de bureau au coût de production raisonnable car celle-ci nécessite d’être assemblée par ses utilisateurs (nos locataires). Ce sont des partenariats ouverts qui permettent de partager les compétences de chaque discipline.

Quelle est la réaction de votre cible à l’offre que vous proposez ?

MG : Les personnes attirées par l’habitat partagé ou même participatifet qui habitent dans nos projets sont demandeurs de découvrir des acteurs locaux qui façonnent nos villes, aussi bien au niveau culturel, artistique, culinaire, artisanal ou agroalimentaire. Nous nous efforçons de créer un cercle vertueux entre l’espace et les personnes, Neybor encourage ses résidents à s’approprier l’espace de leur maison, tout en étant conscients de l’écosystème auquel ils participent tous.

HS : Notre clientèle se développe principalement pour l’instant par le bouche-à-oreille. Neybor tient à offrir une expérience humaine et complète du premier contact par le client, jusqu’à son identification avec l’offre et la découverte de notre univers, pour enfin l’intégrer dans la communauté. Il s’agit là de faciliter la vie d’une personne qui habite chez Neybor et sa communication avec notre équipe, en cas de pépin éventuel ou pour un simple conseil.