Alors qu’ils viennent d’être nommés Designer de l’Année 2024, Pauline Capdo et Luis Bellenger, les fondateurs du studio belge Paulineplusluis, reviennent sur cette distinction, mais aussi sur quelques grands moments de leur jeune carrière et sur leurs ambitions futures.
Que représente pour vous ce prix du Designer de l’Année ?
D’abord la satisfaction d’avoir été choisis par un jury de professionnels composé de collaborateurs du magazine Le Vif/Knack Weekend, mais aussi de Flanders DC, Design Nation, MAD Brussels, Design Museum Gent, CID Grand-Hornu et WBDM. C’est un encouragement à, d’une part, poursuivre notre travail de collaboration avec des marques et des éditeurs et, d’autre part, à continuer à produire nos propres objets. Ce prix nous ouvre en outre les portes de plusieurs foires et rendez-vous de premier plan : Design Nation qui s’est tenu à Courtrai mi-octobre, mais aussi For the Now organisé en novembre sur le site de Tour & Taxis. En décembre, nous faisons en outre partie des 4 finalistes (catégorie design) du “Prix Jeunes Artistes” du Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles qui exposeront au CID Grand-Hornu dans le cadre de l’exposition Rencontre(s).
Luis et vous, vous êtes connus à St-Luc Tournai pendant vos études de design. C’est là qu’est née votre envie de fonder votre studio ?
Tout s’est organisé de manière très organique. Dès l’école, notre intérêt commun pour le détournement d’objets et l’utilisation de matériaux existants, vecteurs d’une nouvelle esthétique, nous a amenés à collaborer sur de nombreux projets. Par la suite, nous avons exposé ensemble à deux reprises, dont une fois en 2015 dans le cadre du MAD. C’est à cette occasion que nous avons été repérés par le directeur artistique d’Habitat qui a choisi d’éditer l’une de nos lampes : un déclencheur qui nous a conduits, deux ans plus tard, à fonder notre studio et, d’une certaine façon, à officialiser notre collaboration.
Votre premier succès commercial ne s’est pas fait attendre !
Cette même année, dans le cadre d’un évènement organisé par Belgium is Design, nous avons en effet été mis en relation avec Hartô qui a décidé d’éditer notre lampe Carmen. En six mois, chose rare dans le secteur du design, cet objet voyait le jour. Aujourd’hui encore, son succès ne se dément pas. La preuve : il est désormais décliné en appliques murales.
Depuis 2017, vous avez souvent fait partie des designers représentés et accompagnés par Belgium is Design. Que retenez-vous de cette aventure ?
Nous avons eu la chance de participer à trois reprises au SalonSatellite, la section Jeunes Designers de la foire de Milan. Cette opportunité était couplée à des séances de coaching qui nous ont notamment permis de nous préparer à d’éventuelles rencontres avec des marques, architectes, éditeurs… En marge de ces déplacements à Milan, nous participons chaque année aux évènements D2B orchestrés par Belgium is Design. Ces rendez-vous entre entreprises et designers nous ont fait croiser la route de Hayche, un éditeur basé à Londres pour lequel nous avons imaginé la chaise Dune en 2020. Par le biais de ces rendez-vous, nous avons également démarré une collaboration avec la société française Matière Grise pour laquelle nous avons créé Multitude, une collection de luminaires tubulaire.
Vous avez aussi collaboré avec l’entreprise belge Deknudt Mirrors à l’occasion d’un projet qui cadre totalement avec votre philosophie de travail ?
Dans ce cas précis, c’est en visitant leurs usines que nous avons eu l’idée de ce projet. Pour la Paint Collection lancée en 2022, l’idée était de peindre au pinceau un miroir sur une plaque de verre pour créer un motif selon une technique de sérigraphie ; un procédé à la croisée de l’artisanat et de l’industrie, propre à Deknudt Mirrors et à notre studio.
Centrée sur l’idée de simplicité, votre approche du design est devenue votre marque de fabrique. Expliquez-nous !
Elle est perceptible à deux niveaux : d’abord dans la lecture des luminaires et du mobilier que nous concevons. Nous travaillons sur base d’objets issus du quotidien que nous détournons. Cette dimension narrative renforcée par l’évidence de l’objet rend nos créations facilement lisibles. Quant à notre démarche de conception, elle se veut centrée sur des solutions astucieuses visant à produire dans une logique d’économie et de rationalisation. Ce qui, à l’origine, était dicté par un besoin de limiter les coûts est devenu une approche à part entière.