Lors de cet entretien exclusif, le talentueux Belge nous fait part de son expérience en tant que juré au Festival international de mode et de photographie d’Hyères, de son rapport à la mode et des raisons pour lesquelles il estime que la musique devrait se contenter de rendre les gens plus heureux.

Difficile de ne pas reconnaître la grandeur quand on la rencontre. Chanteur, auteur et compositeur bruxellois, Pierre de Maere n’a guère plus de 20 ans, mais il a manifestement tout ce qu’il faut pour devenir un grand nom. Par sa voix singulière, son écriture provocante et son allure de dandy, de Maere s’est déjà forgé un style à part, et rien ne semble lui faire peur en musique.

Son premier album, intitulé « Regarde-moi », a marqué ses fans, tout en suscitant l’intérêt d’un nouveau public. L’engouement pour le chanteur belge est fascinant, sans distinction d’ethnie, d’âge, de nationalité ou de milieu social. La pop représente le genre idéal pour de Maere, qui souhaite partager son enthousiasme et sa passion avec le plus grand nombre de personnes possible.

Qu’avez-vous appris au cours du Festival d’Hyères et comment avez-vous vécu cette expérience ?

Avant tout, je me suis senti très bien dans le sud de la France, entouré de toute cette créativité et de cette innovation. Faire partie du jury était très enrichissant pour moi, d’autant plus que beaucoup d’entre nous étaient très jeunes. Certains étaient des artistes, d’autres travaillaient dans le domaine de la mode. J’ai bien sûr été ravi qu’Igor Dieryck remporte le Grand Prix du Jury, car il le méritait vraiment. J’ai d’ailleurs fait pression en permanence pour lui, bien qu’il n’en ait manifestement pas eu besoin.

Un vote unanime du jury est très rare, surtout dans le cadre d’un concours tel que celui-ci.

Tout à fait. Sa collection était profondément créative, mais aussi immédiatement séduisante, ce qui est un équilibre difficile à atteindre pour une première collection. Elle était également fraîche, cohérente et Igor a un grand sens de l’humour, qui se reflète dans les vêtements. Ils présentaient tous des détails amusants ou surprenants.

Aimez-vous collaborer avec de jeunes créateurs lors d’apparitions sur scène ou en public ?

Certainement. Je travaille avec deux créateurs dont je suis très proche et avec lesquels j’ai créé mon style. Le premier est Burç Akyol, qui a été le lauréat du pays invité au prestigieux Fashion Trust Arabia l’année dernière. Il m’a habillé pour mon premier concert à La Cigale à Paris et a tout à fait compris mes attentes. Il réussit très bien en ce moment, et j’ai l’impression que nous avons en quelque sorte grandi ensemble. Un autre de mes amis est Charles de Vilmorin, qui était président du jury de la mode à Hyères en octobre dernier. Je connais Charles depuis des années et sa créativité est extraordinaire. Son univers est très fort et onirique, ce qui vous encourage à explorer la fantaisie, la couleur et l’imagination. Il m’a habillé pour ma première apparition télévisée en France, et j’ai rarement rencontré quelqu’un animé d’une telle énergie et d’un tel pouvoir créatif.

Comme vous êtes un artiste pop belge, les gens s’attendent-ils à ce que vous soyez excentrique et légèrement différent, surtout en France ?

Ma musique n’est pas compliquée, d’où la diversité de son public, mais j’aime parfois jouer avec le kitsch et le mauvais goût. Je tiens à ce que ma musique reste fraîche et affranchie de toute notion de goût. Il me semble également que ce désir de liberté créative est, d’une certaine manière, assez belge.

Votre musique dégage également quelque chose d’optimiste et d’exaltant, ce dont nous avons grandement besoin en ce moment.

Merci de le souligner. J’espère que ma musique peut produire cet effet sur les gens et j’aime l’idée du romantisme à travers l’évasion.

Vous êtes également très joueur, ce qui est probablement dû à votre signe astrologique.

(il rit) Je suis un vrai Gémeaux. J’aime changer de style et d’image.

Comment s’est déroulée la sortie de votre premier album cette année ?

Comme c’est le premier, je peux parfois me montrer critique à son égard, mais au final, j’en suis assez fier.

Quels sont vos souhaits créatifs pour le deuxième album ?

Plus de folie, peut-être quelque chose de plus extrême. Il y avait une certaine légèreté dans le premier album, ce qui convenait bien pour l’instant. J’aimerais que le deuxième soit plus excentrique.

Est-ce que le fait de jouer en concert vous fait peur d’une manière ou d’une autre ?

Non, pas vraiment, mais en même temps, je ne peux plus me cacher et je dois être moi-même. J’aime être sur scène, car c’est un moment très intime. Je me rappelle que lors de mes premiers concerts, je parlais beaucoup au public, principalement car j’avais peur que ma voix ne soit pas assez bonne. À présent, je ne m’en préoccupe plus et je souhaite que le concert soit un moment intense, et surtout une expérience humaine.

Quel plaisir de voir combien de générations différentes sont séduites par votre musique !

C’est vrai. Ce sont les mamans qui ont tendance à m’aimer le plus, mais je ne sais pas trop pourquoi.

Je pense que vous êtes le gendre parfait qu’elles n’auront jamais.

(il rit) Qui sait ? Des grands-parents viennent aussi à mes concerts.

Comment vivez-vous la célébrité ? Beaucoup d’artistes la détestent.

Pour ma part, je n’ai aucun problème avec la célébrité. Bien des choses sont devenues plus faciles dans ma vie. En fait, on est peut-être plus à l’abri et protégé quand on est célèbre. Cela ne me dérange pas du tout.

L’année prochaine, Pierre de Maere sera en tournée dans les villes suivantes en Belgique :

15/02/2024 – OM, Liège
16/02/2024 – Théâtre Royal, Mons
09/04/2024 – Cirque Royal, Bruxelles
10/04/2024 – Cirque Royal, Bruxelles