Ce studio bruxellois cultive une approche raisonnée du design graphique. Contemporain, léché et plutôt branché, le style Stoëmp n’en reste pas moins centré sur l’expérience et l’éthique. Rencontre avec le duo Italo-polonais Gaetano Licata et Wojciech Szlachta, à l’origine du « stoemp » le plus multiculturel de la capitale.
Vous revendiquez votre originalité. Dans un monde saturé d’images, peut-on encore l’être ?
Nous prônons un design moderne, simple et pragmatique, mais nous ne revendiquons pas une approche unique de l’esthétique, car c’est presque impossible. Par contre, nous apportons pour chaque projet notre touche unique, originale et pleinement liée à notre personnalité.
Votre métier, c’est de mettre les autres en lumière. Êtes-vous aussi forts quand il s’agit de vous promouvoir vous-même par le biais, notamment, des réseaux sociaux ?
Nous avons fait 39 post Instagram en cinq ans… Je pense que nous pouvons mieux faire (il rit). Disons que nous restons discrets. Nous consacrons beaucoup plus d’énergie à nous occuper de nos clients qu’à la gestion de nos réseaux sociaux.
Vous dites aussi vouloir être authentiques dans le travail. Que cela signifie-t-il ?
Quand nous parlons d’authenticité, ça signifie que nous restons nous-mêmes. Nous avons une approche très humaine. Le côté social est primordial. Nous adorons passer du temps au bureau. Il y a un va-et-vient d’amis, de clients… Tout le monde s’y sent comme à la maison. Nous ne jouons pas un rôle et nous pensons que nos clients le ressentent.
Aujourd’hui, un studio graphique doit forcément surfer sur le digital, mais sans tourner le dos au papier. Quel sort lui réservez-vous au sein de l’agence ?
Nous préférons garder une vision globale ; à mi-chemin entre le digital et le papier. L’un ne va pas sans l’autre, ils sont complémentaires. Ces dernières années, nous avons évolué vers une vision écoresponsable de l’imprimé. En dehors de l’utilisation de papier ou d’encres écologiques, nous accompagnons nos clients en les aidant à “mieux imprimer”, c’est-à-dire à mieux gérer les quantités (ne pas imprimer 10.000 exemplaires de plus inutilement), le processus de production, …
Vous qui réalisez, entre autres, des supports de communication centrés sur la promotion du design en Wallonie et à Bruxelles pour WBDM. Pensez-vous que notre pays véhicule une identité forte ?
Il est difficile de parler d’identité forte. Nous travaillons avec WBDM depuis presque 10 ans et nous avons eu l’opportunité de voir évoluer beaucoup de talents belges. Ce dont nous pouvons être certains, c’est que notre pays regorge d’identités fortes. Nos designers ne vont peut-être pas tous vers un même idéal esthétique, mais c’est précisément cette diversité qui fait notre force.
Cette identité est-elle perceptible dans votre travail personnel ?
Nous pensons que oui. Comme nous le disions, nous n’avons certainement pas tous la même esthétique, mais nous avons ‘ce style belge’ qui est difficile à décrire, mais que nous ressentons dans nos rapports avec nos clients internationaux. Nous avons une façon d’être qui est singulière et qui plait.
Design belge, mode durable, concept alimentaire éthique… L’impression est que vos clients vous ressemblent. Comment s’opèrent généralement ces rencontres ?
Très naturellement. Il faut savoir que nous ne faisons aucune démarche commerciale. Au fil des années nous nous sommes entourés de personnes avec qui nous nous entendons bien, et c’est plutôt ça le dénominateur commun. Nous travaillons aussi bien pour de la musique classique, que pour des groupes immobiliers et financiers ou des institutions dans le secteur culturel. Mais c’est vrai que nos clients nous ressemblent. Nous partageons la même passion pour l’esthétique et surtout pour le travail d’équipe.
Vous avez notamment réalisé l’identité visuelle de La Manufacture Urbaine (Lamu), un lieu multifacettes situé à Charleroi qui se veut centré sur la gastronomie, les loisirs et la culture. Quel regard portez-vous sur la dynamique de la Wallonie aujourd’hui ?
La dynamique de la Wallonie est intéressante. Depuis le rebranding de Pairi Daiza, nous avons travaillé avec beaucoup d’entreprises wallonnes, comme par exemple LaMU ou bien plus récemment avec Charleroi Métropole. Toutes ces expériences nous ont montré une Wallonie très loin des clichés habituels, avec des beaux projets, menés avec énergie et une sincère vision d’avenir. Nous sommes certains que ces prochaines années nous réservent de belles surprises du côté de ce territoire belge.