Studio Krjst : tisser du lien

Studio Krjst : tisser du lien

Categorie: Interviews
Date de publication:
©Sebastien Delahaye

Diplômées de la Cambre, Justine de Moriamé et Erika Schillebeeckx, les fondatrices du studio Krjst, ont tourné le dos à la mode pour se tourner vers un travail de recherche autour du textile. Si le tissage reste au cœur de leur identité, les deux artistes explorent désormais d’autres pistes dans l’univers du design.

A peine diplômées de la Cambre, vous avez lancé votre marque de mode. Puis, très vite, vous avez décidé de prendre un autre chemin. Compte tenu des bouleversements qu’a connu le secteur ces dernières années, vous vous dites que vous avez pris la bonne décision ?

Dès le lancement de Krjst en 2012, nous avions privilégié une approche ancrée dans la recherche plastique. Mais très vite, nous avons réalisé que notre envie d’approfondir nos recherches et d’explorer d’autres voies que celles du prêt-à-porter n’était pas compatible avec le rythme effréné imposé par le secteur de la mode. Cela dit, nous n’avons aucun regret. Ni par rapport à notre choix d’études, ni par rapport au fait d’avoir lancé cette marque. Ces expériences nous ont permis de nous forger une identité, mais aussi de disposer d’un bagage suffisamment solide pour oser dépasser nos limites.

Vous auriez pu tout arrêter, mais vous avez plutôt décidé de prendre un autre chemin.

Nous avons eu la chance – par le biais des réseaux sociaux – de séduire de grandes marques commerciales pour lesquelles nous avons créé des produits divers. Une manière d’assurer l’avenir du studio et de poursuivre nos recherches graphiques et textiles. La recherche est en effet la base de notre travail. Si la dynamique au sein de notre binôme est restée la même, notre pratique s’est forcément affinée avec le temps. Nos premières œuvres se concentraient sur une recherche unique. Aujourd’hui, chacun de nos tissages est le fruit de plusieurs techniques préparatoires : dessins, peintures, 3D…

KRJST © Ateliers Zaventem
Peut-on dire que vos œuvres sont devenues plus complexes ?

La complexité de nos tissages actuels est liée à notre volonté d’amorcer un dialogue plus engagé avec le public. Nos oeuvres ont toujours été une sorte de radiographie de nos émotions, mais au fil du temps, elles sont devenues moins pudiques. Elles se font l’écho de nos questionnements communs. La création de chaque tissage s’apparente à un moment de méditation que nous souhaitons partager avec les gens. Quant à notre technique, elle mixe broderie, détissage ou encore tuftage dans l’idée de créer une œuvre unique.

A l’invitation du designer Lionel Jadot, vous avez rejoint Zaventem Ateliers (une ancienne papeterie reconvertie en un lieu de travail pour une jeune génération de créatifs). Votre présence dans ce hub créatif vous a-t-il permis de booster votre pratique ?

L’idée de Lionel de rassembler, en un seul lieu, des artistes, des artisans et des designers nous a d’emblée séduites. Le partage de savoir-faire est la principale plus-value de ce projet. D’autant que ce lieu a réussi à se construire en dehors de toute idée de concurrence. Nous conservons une totale liberté de pensée et d’action tout en bénéficiant de la force et de la dynamique d’un collectif.

Ces dernières années, vous avez initié de nombreuses collaborations avec des galeries étrangères, mais votre principale actualité est belge puisque vous venez de terminer l’immense chantier de l’espace de co-working Silversquare de l’avenue Louise.

Quand les responsables de Silversquare nous ont proposé d’habiller complètement ces 7.000 mètres carrés, nous étions à la fois ravies et terrorisées. Nous avons travaillé sur ce chantier pendant un an, presque jour et nuit. Cette mission passionnante nous a non seulement permis de nous consolider en tant que binôme, mais aussi de réaliser que le rêve que nous avions en début de carrière – créer une maison Krjst où nous aurions tous conçu de A à Z- est désormais à notre portée. Dans la foulée de ce projet, nous nous sommes lancées dans la création d’un bureau, mais aussi de papier-peint et de tapis. Ces nouvelles perspectives nous permettent de poursuivre notre pratique – et même de l’élargir -, mais aussi d’amorcer un dialogue nouveau avec le public, en dehors de la dynamique des galeries et des foires de design internationales. Cette fois, il s’agit de tisser des liens plus intimes avec les gens autour d’objets du quotidien. On pourrait parler d’une forme de création plus directe, presque désacralisée, mais qui n’en reste pas moins inspirante et fidèle à nos valeurs.

Interview par

Marie Honnay

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